Neuromancien, roman publié en 1984, écrit par William Gibson, a introduit le thème cyberpunk dans la science-fiction, thème qui s'est imposé durablement et qu'on retrouve dans un grand nombre de romans et nouvelles qui ont suivi.
On peut notamment citer
Câblé, de Walter Jon Williams,
Gravité à la Manque, de George Alec Effinger. Deux nouvelles de Gibson, issues du recueil
Gravé sur Chrome, ont été adaptées à l'écran :
Johnny Mnémonic, avec Keanu Reeves, et
Hôtel New Rose, par Abel Ferrara, avec Christopher Walken.
Si
Neuromancien marque certainement l'entrée fracassante du cyberpunk en littérature SF, le thème avait déjà été annoncé dans le film
Blade Runner, de Ridley Scott, lui aussi adapté d'un roman de SF :
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, écrit par Philip K. Dick.
L'univers cyberpunk concerne l'évolution dans un futur proche des sociétés contemporaines. Ses fondements sont extrapolés de références actuelles : technologie omni-présente et évoluée, mais clairement issue des avancées actuelles (en informatique et biotechnologies notamment), développement prodigieux des multinationales, dont le pouvoir et les moyens finissent par supplanter ceux des états, présence envahissante des media, du star-system et de la publicité, tyrannie de l'image et de la mode.
L'intrigue-type d'un roman ou d'une nouvelle cyberpunk est calquée sur celle d'un polar : un ou plusieurs personnages sont mandatés par un intermédiaire pour une mission précise au bénéfice d'un client mystérieux et puissant (souvent une multinationale). Les personnages mandatés sont souvent des marginaux mais possédent des talents recherchés ; quant aux missions, elles se déroulent souvent dans un cadre illégal.
Dans
Neuromancien par exemple, un pirate informatique, une combattante professionnelle, un recéleur et un illusioniste sont engagés par un ancien officier, pour le compte d'une puissante société suisse. L'action nous entraîne depuis les bas-fonds de Tokyo, paradis des cliniques de chirurgie esthétique illégales, jusqu'à une station orbitale de loisirs, en passant par le Grand Bazar à Istambul ou le siège d'une major à New York.
La nouvelle et le film
Hôtel New Rose mettent en scène le transfert d'un expert en génétique, depuis une petite PME hollandaise vers un conglomérat japonais. Evidemment, cela ne va pas sans peine, d'autant plus que le savoir et les découvertes de cet expert valent des milliards.
Parmi les artefacts technologiques de l'univers cyberpunk, la Matrice tient une place importante. Dans
Neuromancien, publié en 1984, il s'agissait du réseau informatique mondial et de la représentation des logiciels et données disponibles, sous formes d'objets en trois dimensions. Une sorte de réseau internet avant l'heure, mais avec une interface bien plus évoluée que celle des pages web.
Des électrodes fixées à leur tempes, les pirates informatiques plongent littéralement à l'intérieur des systèmes d'information des multinationales (qui apparaissent sous forme de blocs, cubes ou ziggourats) et lancent à l'assaut des champs de données des virus informatiques qui ressemblent à des sortes de requins. Dans ses derniers romans (
Lumière Virtuelle,
Idoru,
Tomorrow's Parties), William Gibson est cependant revenu à une vision plus orthodoxe du réseau des réseaux, très proche des sites de réalité virtuelle.
L'interface homme-machine est un autre grand thème technologique de l'univers cyberpunk. Dans le roman
Câblé notamment, le héros est un ancien pilote de chasse devenu par la force des choses convoyeur dans un véhicule blindé, avec lequel il fait littéralement corps : par le biais d'électrodes, le pilote ressent le terrain sous les pneus du véhicule, sa vision est celle des caméras panoramiques qui entourent l'engin. Ce thème de l'interfaçage se retrouve également dans le roman de space opera
Nova écrit par Samuel Delany : tout pilote d'astronef y est en effet équipé de douilles aux poignets et à l'épine dorsale, lui permettant de contrôler le mouvement des déflecteurs d'un vaisseau avec son influx nerveux.